Affaire Giraud

La lettre reçue par un journaliste de Marianne a bien été écrite de la main de Jean-Pierre Treiber. Jointe à la lettre, "la carte de détenu n°13855 de la maison d'arrêt d'Auxerre est bien celle de M. Treiber", a annoncé le procureur de la République d'Auxerre, François Pérain. "Il existe en outre des similitudes manifestes entre l'écriture sur la lettre à Marianne et celle de M. Treiber. On a des dossiers de M. Treiber. Et l'enquêteur qui a eu en charge l'affaire" a mis en évidence ces similitudes, a ajouté le magistrat.

Par ailleurs, contrairement aux premières informations, cette lettre "compostée le lundi 14 septembre" n'a pas été expédiée du Jura mais "d'un centre de tri et d'affranchissement situé à Monéteau, dans l'Yonne, une petite commune qui jouxte Auxerre", a encore souligné François Pérain. Ce centre de tri est répertorié sous le code interne 39880, d'où une confusion avec un éventuel code postal du Jura, département 39, a-t-il expliqué. Toutefois, a précisé le magistrat, "cela ne veut pas dire qu'elle a été postée à Monéteau, car ce centre de tri couvre les deux tiers sud du département de l'Yonne". Mais, "la lettre a été postée dans l'Yonne, c'est une certitude", a-t-il assuré.

La lettre d'un "homme désespéré"

Dans ce courrier, Jean-Pierre Treiber, activement recherché, sort du silence. L'assassin présumé de Géraldine Giraud et de Katia Lherbier, qui s'est évadé le 8 septembre de la prison d'Auxerre dans l'Yonne, clame son innocence. Il explique avoir "choisi cette solution d'évasion qui n'est pas la meilleure" car "c'est peut-être le seul moyen, ajoute-t-il, de me faire entendre avant le procès où je serai présent". "J'avais confiance en la justice mais je me suis trompé, on s'est acharné sur moi, sur mon entourage, en oubliant d'approfondir les relations de Géraldine", ajoute le texte, selon lequel Treiber était "au bord du suicide" en détention, "ce qui aurait arrangé les affaires des coupables et des personnes qui ont instruit cette affaire à charge". Il y est également question d'"accusations fausses colportées par la presse" et de son "interdiction de parloir" avec sa famille pendant deux ans.

Selon l'avocat de Jean-Pierre Treiber, Me Eric Dupont-Moretti, cette lettre "est celle d'un homme désespéré". "Si c'est bien Jean-Pierre Treiber qui a écrit cette lettre, elle n'a pas besoin de commentaire. Elle est extrêmement explicite. Elle est celle d'un homme désespéré à l'évidence", a-t-il réagi. Il a expliqué avoir pris connaissance de cette lettre, en cours d'authentification, sur le site internet de Marianne.

Ecroué depuis le 25 novembre 2004, Jean-Pierre Treiber devait être jugé en avril 2010 aux assises, où il risquait une condamnation à perpétuité pour "enlèvements et assassinats" de Géraldine Giraud, fille du comédien Roland Giraud, et de son amie Katia Lherbier. Les corps ont été découverts dans un puits de la propriété du suspect en 2004. Il s'est évadé dissimulé dans un carton emporté dans un camion par une entreprise extérieure. Un co-détenu a été mis en examen pour l'avoir aidé.