Les narcotrafiquants ont promis de faire une trêve durant la venue de Benoît XVI du 23 au 26 mars.Le message est passé. L'archevêque de León, Mgr José Martin Rabago, a
lancé un appel aux cartels de la drogue en leur demandant une trêve
pour la venue du pape Benoît XVI
dans l'État du Guanajuato, à 350 kilomètres au nord de Mexico, que le
souverain pontife visitera du 23 au 26 mars prochains. "À ceux qui font
du mal, si mes paroles vont jusqu'à eux, je veux leur demander qu'ils
prennent en compte ce moment particulier que nous allons vivre, c'est un
temps de paix et de grâce. Je leur enjoins d'y participer et de
s'engager à ne rien faire qui puisse provoquer des situations qui
n'engendreraient que le deuil et la mort. Qu'ils acceptent de laisser
les pèlerins à leur recueillement", a-t-il insisté.
Quelques
jours plus tard, le cartel des Templiers a répondu favorablement à son
souhait en déployant dans les principales villes de l'État du Guanajuato
onze banderoles pour dire que ses membres acceptaient la trêve. À une
condition toutefois, que leurs ennemis, les Gente Nueva, en fassent
autant pour qu'il y ait la paix pendant la visite de Benoît XVI.
Coïncidence ? José Antonio Torres, alias El Marrufo, leader du cartel
Nueva Gente, le bras armé du cartel du Sinaloa, a été arrêté en fin de
semaine dernière dans la ville de León par la police fédérale.
L'Église
a une relation compliquée avec de nombreux trafiquants de drogue qui,
par foi ou par superstition, ont toujours cherché le pardon de l'Église
catholique. On sait même que certains barons ont réalisé des dons
importants pour la construction de chapelles ou le financement de leur
paroisse. Alors, pourquoi ne pas faire appel à la peur d'un châtiment
divin ?
L'Église craint des amalgames rapides Plusieurs diocèses ont
tenté de freiner la violence des cartels en excommuniant leurs membres,
mais cette sanction, au grand dam de l'Église, n'a jamais été suivie
d'effets. En 2010, le cardinal Juan Sandoval Iñiguez a proposé à deux
occasions une trêve aux cartels. En mars 2011, Mgr José Martin Rabago
avait déjà exhorté les tueurs à cesser leur action criminelle, les
invitant à se repentir.
En août 2010, la hiérarchie catholique, à
travers la Conférence des évêques mexicains, avait fait un appel à tous
les trafiquants de drogue pour permettre aux catholiques de vénérer en
paix la relique de Jean-Paul II béatifié présentée dans cent villes du
Mexique. Enfin, le 4 décembre 2011, l'évêque de Cuernavaca, à 80
kilomètres de Mexico, où sévit le cartel des Beltrán Leyva et où la
population est tétanisée par la violence, s'est associé à la trêve de
Noël demandée aux trafiquants par le poète Javier Sicilia, organisateur
de la caravane pour la paix, la justice et la dignité.
La
hiérarchie catholique, qui craint des amalgames rapides, a toujours été
prudente. Elle rappelle que les crimes ne peuvent être absous par une
simple donation. Ce nouvel appel à une trêve a été fermement désapprouvé
par le nonce apostolique Mgr Christophe Pierre qui a déclaré que
l'Église ne traitait pas avec des criminels, mais exigeait d'eux un
changement d'attitude et de mentalité.