AgirpourIngrid.com - Bogota - 27/05/08 Alfonso Cano, le nouveau chef suprême de la guérilla des FARC,est présenté comme un intellectuel communiste, considéré comme l’idéologue et le stratège du mouvement. Cet ancien étudiant en droit et en anthropologie, issu d’une famille nombreuse de la petite bourgeoisie avec une mère enseignante et un père ingénieur agronome, a connu une ascension très rapide au sein de la guérilla la plus vieille d’Amérique latine.
Âgé de 59 ans, Guillermo Leon Saenz Vargas, alias "Alfonso Cano", est entré à l’université en 1968 et a milité dans les rangs des jeunesses communistes colombiennes (Juco).
Dirigeant étudiant, il a été détenu par la police à plusieurs reprises lors de manifestations.
Un de ses compagnons de l’université d’Etat Nationale de Bogota se souvient d’"un excellent étudiant en histoire" qui se passionnait pour les livres de sciences politiques.
"Cano savait écouter et respecter les positions de ses adversaires politiques et recherchait toujours une issue politique", ajoute son ancien camarade.
Considéré comme l’un des fondateurs de l’Union patriotique (UP) qui réunissait des communistes et des militants de gauche),
il entrera dans la clandestinité après les assassinats par les milices paramilitaires et les militaires de 3000 militants de ce mouvement politique.
Très vite, il devient un proche puis l’adjoint de l’un des idéologues historiques de la guérilla Jacobo Arenas,
et il le remplacera naturellement au Secrétariat (organe dirigeant) après sa mort le 10 août 1990.
Il a joué un rôle déterminant au sein de la délégation des Farc chargée de négocier la paix avec le gouvernement colombien en 1991 à Caracas (Venezuela) et en 1992 à Tlaxcala (Mexique).
Ce barbu d’un mètre quatre-vingt, portant d’épaisses lunettes à double foyers, est considéré comme un modéré au sein de la guérilla.
Il n’a ainsi pas brillé par ses exploits militaires dans le Bloc occidental des FARC qu’il dirigeait.
On connaît très peu de choses de sa vie privée. Ricardo, l’un de ses six frères est membre du conseil municipal de Bogota pour le Pôle Démocratique Alternatif (PDA - gauche).
Le colonel Gustavo Rosales, directeur du centre d’études géostratégiques de l’université Nueva Granada, estime que "
Cano est un idéologue qui a une conception plus politique que militaire".
Selon lui, Cano "est susceptible de relancer des négociations avec le gouvernement".
Il est accusé par le gouvernement conservateur d’Alvaro Uribe d’extorsion, de trafic de drogue et d’assassinats.
En avril 2008 il a été condamné par défaut pour avoir fait exécuter 40 guérilleros qui avaient manqué à la discipline.