Tchad : les rebelles ont quitté Goz Beida O.W. (lefigaro.fr) avec AFP
14/06/2008 | Mise à jour : 19:04 |
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Ils affirment contrôler le secteur et vouloir désormais se diriger vers N'Djamena. L'Eufor a de son côté annoncé avoir «répliqué par le feu» lors de l'attaque de la ville samedi.Les rebelles du Tchad, qui ont pris samedi à la mi-journée la ville tchadienne de Goz Beida, à 75 km de la frontière soudanaise, ont quitté la ville, selon des sources concordantes. La rebellion, qui affirme se diriger sur N'Djamena, conduit une offensive depuis mercredi dans l'est du pays.
«Les troupes rebelles sont sorties de Goz Beida il y a peu pour rejoindre d'autres forces de la rébellion dans le secteur», a affirmé à l'AFP un porte-parole de la rébellion Abderaman Koulamallah, joint par téléphone depuis Libreville.
«Les rebelles n'ont fait que de passer dans Goz Beida et n'y sont pas restés», a confirmé auprès de l'AFP une source locale indépendante. «Ils ne sont pas loin. Le gros choc aura lieu probablement dimanche à Goz Beida avec les troupes gouvernementales», a assuré cette source, qui a évoqué de «lourds combats» lors de la prise de la ville.
«Nous contrôlons tout le secteur (de Goz Beida). Nous allons discuter de la stratégie», a commenté Abdelwawid Aboud Makaye, un autre chef rebelle, président de l'Union des Forces pour la Démocratie et le Développement-Fondamentale (UFDD-F), joint également par téléphone depuis Libreville. «Lors de la prise de Goz Beida, nous avons récupéré 20 véhicules de l'armée. Nous n'avons pas eu de blessés. Quant à l'armée, elle a subi quelques morts», a-t-il ajouté.
Les soldats de la force européenne déployée au Tchad et en Centrafrique (Eufor), ont «répliqué par le feu» aux rebelles à Goz Beida, a affirmé de son côté un porte-parole de l'Eufor. L'accrochage qui n'a pas fait de blessé côté Eufor, s'est produit à 12H20 heure locale (11H20 GMT) alors que les soldats étaient «en protection du camp de réfugiés de Djabal, à 4 km au nord de Goz Beida», a ajouté cet officier supérieur.
L'action rebelle avait été confirmée par un membre du personnel humanitaire présent à Goz Beida. «Effectivement, les rebelles sont en ville. Il y a eu des coups de feu. On entend des cris de joie», avait-il décrit, sous couvert de l'anonymat. Sans être une grande ville, Goz Beida, située dans une zone de collines, est un pôle important dans le sud-est. Pas moins de 80.000 déplacés tchadiens sont concentrés sur une dizaine de sites autour de la ville, alors que 36.000 réfugiés du Darfour vivent dans deux camps proches.
«Les rebelles sont tout au long de la frontière»En prenant Goz Beida, les rebelles signent un coup d'éclat inquiétant pour les autorités même s'ils n'ont guère avancé. Depuis le début de l'offensive et la chute d'un hélicoptère jeudi, ils bombent ainsi du torse affirmant rouler vers N'Djamena.«Nous sommes 500 pick-up bien armés. Notre objectif est N'Djamena. Nous voulons la prendre avant la fin du week-end. Inch'allah», a proclamé Abdelwawid Aboud Makaye.
Leurs affirmations sont contredites par les observations et N'Djamena a même ironisé: «On a beau avoir des jumelles, on ne les voit pas». Samedi matin, les Tchadiens soulignaient que les rebelles se contentaient de «va-et-vient» avec leurs bases arrière au Soudan. Et du côté de l'armée tchadienne, on confirmait tout au plus qu'«avec la saison des pluies, les rebelles (cherchaient) à prendre pied à l'intérieur du Tchad. Ils sont tout au long de la frontière».
Selon une autre source rebelle, une colonne de véhicules se dirige vers la ville de Mangalmé (500 km à l'est de N'Djamena) et à 75 km à l'ouest de Goz Beida.
Le Tchad et le Soudan s'accusent régulièrement de soutenir les rébellions en lutte contre leurs régimes respectifs. Ils ont rompu à la mi-mai leur relations diplomatiques après une attaque menée près de Khartoum par un groupe rebelle soudanais du Darfour, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM). N'Djamena avait nié «toute implication». Les deux pays entretiennent depuis cinq ans des relations aussi tendues que tumultueuses.