L'interrogatoire vidéo du colonel Russell Williams montre un homme perdre de son assurance au fil des heures, alors qu'il se rend compte que les preuves contre lui sont accablantes, et passer aux aveux.
C'est ce que démontre la série d'extraits présentés mercredi par les procureurs de la Couronne au palais de justice de Belleville. D'une durée de trois heures, la série d'extraits est issue de son interrogatoire de 10 heures et demie, mené le 7 février dernier à Ottawa par le sergent détective Jim Smyth, de l'unité en analyse comportementale de la police provinciale de l'Ontario.
Âgé de 47 ans, Williams a été reconnu coupable, mardi, des meurtres prémédités de Jessica Lloyd et de la caporale Marie-France Comeau. Il a aussi été reconnu coupable de deux accusations d'agressions sexuelles et de 82 accusations d'introductions par effraction. Au premier jour de son procès, la veille, il s'était lui-même reconnu coupable de toutes les accusations qui pesaient contre lui.
Au début de l'entretien vidéo, l'ex-commandant de la base de Trenton croit qu'il n'a dû se présenter au poste de police que pour faire une déposition afin de l'éliminer de la liste de suspects potentiels. L'homme apparaît souriant, calme et en parfaite maîtrise de lui-même. Il sourit même à la caméra et refuse de faire appel à un avocat.
Mais plus l'interrogatoire avance, plus l'accusé semble se rendre compte qu'il est pris au piège par les enquêteurs. Il apprend notamment que les traces des pneus de son véhicule ainsi que celles de ses bottes concordent avec celles laissées près de la scène du meurtre de Jessica Lloyd.
Confronté à des preuves le reliant aux sordides agressions sexuelles et aux meurtres, l'ancienne étoile montante des Forces armées canadiennes passe aux aveux.
Après avoir craqué, Russell Williams admet avoir violé et tué Jessica Lloyd et la caporale Marie-France Comeau, puis donne les détails de ses crimes.
Il demande au sergent détective de lui présenter une carte pour montrer où est situé le corps de Jessica Lloyd.
Il admet avoir repensé à ses crimes sans jamais avoir pu trouver les motifs qui l'ont poussé à les commettre, ajoutant qu'il est « relativement certain que les réponses ne sont pas importantes ». Lorsque le policier lui demande comment il se sent face à ses gestes, Williams répond qu'il est « déçu ».