Gérer le stress des autres

Gérer le stress des autres






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Toxiques autant que le tabac… C'est ce que révèle une étude sur les effets du stress, citée par Sylvie Sanchez-Forsans, psychologue du travail. Arrêter de stresser? Autant chercher à attraper son ombre.
Car le stress est un processus naturel d'adaptation. On peut juste le limiter, l'anticiper… Ce qui n'est pas rien!
Un cardiaque réduirait de 44% les risques d'une seconde crise en gérant mieux la colère, poursuit Sylvie Sanchez-Forsans, également fondatrice du Centre d'applications psychologiques et d'accompagnement professionnel (Capap). Certes, il appartient à chacun de canaliser ses émotions, ses réactions face aux événements, etc. Mais l'entourage, l'entreprise, peut, ou non, attiser les braises, les étouffer ou les laisser se consumer, être facteur ou redresseur de stress…

«Les entreprises n'étaient pas prêtes à mettre le moindre euro sur la gestion du stress il y a une vingtaine d'années, rappelle Éric Albert, psychiatre, fondateur de l'Institut français d'action sur le stress (Ifas). Or, depuis environ deux ans, elles s'y intéressent beaucoup.»
Pas que de l'humanisme là-dessous… Les rythmes d'adaptation aux nouveaux marchés, aux nouvelles technologies, etc., sont plus rapides.
Et l'adaptabilité des collaborateurs est aujourd'hui la clé de la compétitivité, poursuit-il. Mais en s'adaptant, parfois sans répit, l'individu en paye le prix sous forme de stress parfois si intense, qu'il annihile sa faculté d'adaptation…
L'enjeu est d'autant plus fort que si les pays en développement misent sur la production, les nôtres doivent jouer sur l'innovation dans la compétition mondiale, ajoute Jean-Louis Muller, directeur à la Cegos. «Le souci de gérer le stress n'est d'ailleurs plus l'apanage des grandes entreprises.»

la politique de pression n'est pas durable

Le coût du stress oscillerait entre 0,8 et 1,6 milliard d'euros par an en France, atteindrait 20 milliards d'eu­ros en Europe et 200 à 300 milliards de dollars aux USA! Ces évaluations, fruits de données compilées par Benoît Monié, psychologue spécialiste de la gestion du stress, montrent l'impact économique du stress, mais également ses répercussions en termes de santé publique, commente l'auteur de Bon stress, mauvais stress : mode d'emploi (Odile Jacob), coécrit avec Frédéric Chapelle, psychiatre, vice-président de l'Association française de thérapie comportementale et cognitive.
Et selon tous nos experts le stress s'amplifierait, même s'il faut se méfier des statistiques prévient Éric Albert.
Quel salarié ne se dit pas stressé dès qu'il répond à un questionnaire ? En tout cas, ces sondages, indiquant parfois que 70% d'une population est stressée, traduisent un ressentiment croissant à l'égard de la pression.

«Les rythmes professionnels se sont accélérés, ils sont plus rapides que ceux de l'homme. On sait, par exemple, qu'il faut deux ans pour digérer un déménagement, un deuil, etc.», rappelle Hélène Lacroix-Sablayrolles, DG de Lacroix & Consultants.
Le temps d'adaptation laissé par les entreprises est plus court… Et certaines n'organiseraient des formations sur le stress que pour se dédouaner en cas de problème «Nous avions pourtant fait tout ce qu'il fallait, etc.» explique la spécialiste en management des questions d'équilibre et de performance des équipes.

«Adopter une politique de pression pour obtenir des résultats fonctionne, mais n'est pas durable», déclare Jean-Louis Muller.
L'idée serait de ralentir pour rester dans la course… Mais pas trop ! On ne peut toujours aller «piano», ajoute Hélène Lacroix-Sablayrolles. «Seulement, il faut accepter qu'après une période de surchauffe, il y ait une phase de décompression, voire de dé­prime, qui suggère de reprendre souffle dans une ère de repos.»